Grand débat sur les jeunes et l’engagement #GDN

Retour sur un débat sur les jeunes et l'engagement citoyen. S'engager, oui ! A condition d'en avoir les moyens et d'être écouté.

Les jeunes et l’engagement : « S’engager, oui ! Donnez-nous en les moyens et surtout écoutez nous !».

Le 6 mars 2019, six associations et organisations de jeunesse[1] ont organisé un débat sur l’engagement des jeunes. L’objectif de la soirée était d’échanger sur les leviers et les freins à l’engagement citoyen des jeunes. Retour sur une soirée riche en constats et propositions.  

« On nous dit que les jeunes ne s’engagent pas, mais lorsqu’ils s’engagent, on ne les écoute pas ». Après des semaines de Grand débat et à l’heure de faire les comptes, cette phrase semble bien résumer la situation de l’engagement des jeunes en France. Contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire en imposant un Service National Universel (SNU), les jeunes s’engagent. Différemment certes de leurs ainés, mais ils s’engagent.

Les jeunes et le grand débat, une place difficile à trouver

Quasiment absentes lors des manifestations des Gilets Jaunes, les jeunes et associations de jeunesse ne sont pas beaucoup plus présentes lors du Grand débat national proposé par le gouvernement. Et pour cause : si tout est fait en surface pour favoriser l’engagement des jeunes, les freins sont multiples et leurs revendications trop souvent ignorées.

Les sondages réalisés par OpinionWay (pour le journal la Croix) et les études de l’Injep le montrent cependant clairement : 41% des jeunes se sont déjà renseignés sur le bénévolat, et 32% d’entre eux déclarent être bénévoles au sein d’une association[2]. Les besoins auxquels répondent ces engagements sont forts : re-créer des mixités et de la solidarité, favoriser l’expression des jeunes, repenser notre manière vivre et faire ensemble. Ce sont ces enjeux, entre autres, qui étaient soumis à la discussion lors du débat organisé.

50 jeunes de moins de 30 ans se sont donc réunis pour échanger autour de l’engagement citoyen des jeunes, de leur autonomie et de leur capacité à faire entendre leur voix. Parmi les freins à l’engagement soulevés, on retrouve la précarité (en amont de l’engagement) et l’inaudibilité des revendications (en aval).

« Ma priorité n’est pas de m’engager, mais de survivre »

« Quand un jeune sur 3 renonce à des soins par manque d’argent, sa priorité n’est pas de s’engager mais de survivre »  explique Justine, 22 ans, participante au débat.  En effet, nul ne peut nier qu’un engagement militant est souvent coûteux, que ce soit en temps ou en argent (déplacements, participations etc.), quand ce n’est pas les deux. Alors même que les jobs étudiants sont pointés du doigt pour les inégalités qu’ils entrainent entre les étudiants dans le cadre de leurs études, comment ajouter à cela un engagement militant ? On ne peut pas, et c’est bien pour cela qu’aujourd’hui l’engagement (étudiant notamment) reste trop souvent réservé aux catégories sociales les plus aisées.

Les propositions émises lors de la soirée révèlent une volonté de plus d’autonomie, notamment financière, de la part des jeunes. « Mettre en place une allocation d’autonomie »,  « Mettre en place un revenu universel d’existence » : ces idées ont souvent été formulées. En effet, l’accès à l’autonomie des jeunes est primordial dès qu’on veut parler d’engagement. Sans cette liberté et cette autonomie, tout engagement libre est mis à mal.

Après le greenwashing, le youngwashing ?

43% des jeunes veulent s’engager pour « être utile »[3]. Derrière ce désir d’être utile, les jeunes font clairement ressortir le besoin de voir les résultats concrets de leur engagement. Et bien souvent, ce sont ces résultats concrets qui font défaut, lorsque leurs revendications sont ignorées ou soumises à l’approbation de leurs aînés.

Alors que beaucoup de communes et d’établissements scolaires (sans même parler du SNU) se targuent de vouloir « prendre en compte » les positions des jeunes, la majorité d’entre eux les cantonnent à des rôles purement consultatifs, si ce n’est symboliques.

De plus les sujets sur lesquels ils sont sollicités sont rarement des sujets fondamentaux. Les conseils municipaux de jeunes l’illustrent bien : on considère les jeunes comme importants, on veut entendre leur voix, mais pas au point de leur laisser prendre part aux décisions d’une société à laquelle ils appartiennent tout autant que leurs aînés. Sonia Basset, présidente du MRJC et engagée dans l’Ain depuis ses 13 ans témoigne : « dès que tu prends des responsabilités, que tu représentes des gens, tu sens que le regard posé sur toi est comme celui posé sur un enfant. L’adulte te regarde jouer. Tu n’es jamais traité d’égal à égal. Quand, en tant que jeune, tu parles au nom des jeunes ruraux qui t’ont élue, tu te prends plein de claques d’adultes, qui considèrent que ta place est à l’école ».

Organisation de référendum dans les écoles, ne pas enfermer les jeunes dans des espaces consultatifs spécifiques, les associer réellement aux questions qui les concernent : toutes ces pistes, en permettant aux jeunes de mesurer réellement l’impact du poids de leur participation, permettront de favoriser l’engagement et la citoyenneté.

« J’étais sceptique sur la forme proposée, mais au final ça a bien marché, je ne m’y attendais pas ! ».

Cette soirée de débat était animée par des représentants des associations et de jeunesse et modérée par Guillaume Duval, rédacteur en chef d’Alternatives Economiques, une petite trentaine d’années de plus que la moyenne des participants. La forme du débat était libre : les intervenants sont restés relativement en retrait, au bénéfice des participants. Des discussions en petits groupes précédaient les échanges en plénières. Cela a favorisé les prises de paroles et des échanges nourris entre les participants. « J’étais sceptique sur la forme proposée, mais au final ça a bien marché, je ne m’y attendais pas ! », laisse échapper Guillaume Duval, une fois le débat terminé. Une preuve de plus de la capacité des jeunes à casser les codes et proposer des initiatives qui fonctionnent, en dépit des regards sceptiques de nos aînés.

 

[1] Débat organisé par la JOC, le MRJC, l’UNL, Jeunes générations, EEUDF, l’UNEF.

[2] La Croix – « Les jeunes, animés par l’envie d’être utiles », 01/10/2018

 https://www.la-croix.com/France/jeunes-animes-lenvie-detre-utiles-2018-10-01-1200972769

[3] La Croix – « Les jeunes, animés par l’envie d’être utiles », 01/10/2018

 https://www.la-croix.com/France/jeunes-animes-lenvie-detre-utiles-2018-10-01-1200972769

La soirée en photos